Sacrés facteurs!
Agent actif, alerte, empressé, infatigable, bravant courageusement les intempéries de toutes les saisons, chaleur accablante en été, neiges et froids rigoureux en hiver, le facteur de ville, vêtu de sa tunique, sa boîte sur l'estomac, son képi sur le front, ne dispose pas d'un seul jour de repos du 1er janvier au 31 décembre.
1. Puisqu'il s'agit de l'intelligence et de l'activité de ces agents, citons, au courant de la plume, une anecdote que nous trouvons consignée dans un livre publié en 1826 par M. Charles Bornède.
« Un facteur de la grande poste, nommé Jean Gourgot, dit Saint-Jean, gagea qu'il irait, les yeux bandés, de l'École militaire à la grande poste, rue Plâtrière. — Il passa l'eau à la place Louis XV, dans un bateau qu'il alla chercher lui-même sans le secours de la voix ni du batelier. Parvenu aux galeries du Louvre, il indiqua les sonnettes de l'Imprimerie royale, et, dans la rue Froidmanteau, il s'arrêta vis-à-vis un marchand de vins dont il était connu, et demanda à se rafraîchir. Il était suivi de ceux qui tenaient le pari, et en gagna le prix sans opposition. ».
Ecoche (Loire) : un facteur modèle
L’administration des postes compte parmi ses employés un grand nombre de bons et dévoués serviteurs dont le public peut chaque jour apprécier les qualités.
Mais il est peu de facteur qui à notre connaissance aient autant de droit à une récompense exceptionnelle que celui d’Ecoche le nommé Jules Calendry.
Ce brave homme qui compte quinze ans d’excellents services est celui qui, le 22 juillet dernier, avec courage, avait tué d’un coup de canne ferrée un chien enragé qui voulait mordre des enfants.
Aujourd’hui on nous signale de Galendry un nouvel acte de généreux dévouement. Vendredi dernier en passant près d’un béal où l’eau à une profondeur de près de deux mètres, il entendit les cris de plusieurs laveuses qui se lamentaient sans oser porter secours à une petite fille de quatre ans en train de se noyer dans le béal.
Le courageux facteur n’hésita pas à se précipiter dans l’eau pour secourir l’enfant. Il fut assez heureux pour la repêcher à demi asphyxiée. Aussitôt il se mit à lui prodiguer tous les soins possibles et la ramena complètement à la vie.
Nous signalons pour la seconde fois aux supérieurs de Calendry la conduite de ce vaillant citoyen, et nous espérons qu’on lui tiendra compte de ses bons services et de son dévouement.
De tels hommes sont l’honneur d’une administration : ils doivent être récompensés.
(Journal Union Roannaise, 2 septembre 1883)