« L’espérance de vie augmente, claironnent dans les médias de nombreux « spécialistes ». Ainsi donc, il n’y aurait plus rien à faire…qu’à augmenter la durée de cotisation pour « sauver » le régime de retraite, en France, avant sa « faillite » programmée en 2050 !Voilà tout est dit, qu’on se le dise !
Et qu’on y reviennent pas (et surtout qu’on en discute pas !).
Pourtant historiquement, rien n’est plus faux !
La mise en place et l’existence des retraites pour les travailleurs n’a rien à voir avec leur durée de vie, bien au contraire.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]De la Charité à la SolidaritéUne brochure à commander d’urgence
La précarité et la dureté de la vie n’ont jamais entraîné automatiquement, chez les gros possédants et dans les classes dirigeantes, un goût immodéré pour toute assurance sociale.
Sous l’Ancien Régime, avant 1789, c’est l’initiative individuelle, la charité publique et les institutions religieuses qui se préoccupaient, peu ou prou, du problème quand les familles, souvent dans la misère, ne pouvaient subvenir aux besoins de leurs aînés.
En fait, c’est la Révolution qui apporte l’idée que le travail est une valeur, porteuse de droit sociaux.
Ce qui se retrouve dans la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août 1789
« La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant le moyen d’existence à ceux qui sont hors d’état de travailler. »Sous la Révolution et le Premier Empire on passe de l’idée de charité à celle d’assistance.
Mais pour que cela se concrétise de manière durable et massive à toute la population il faudra aller plus loin.
C’est au XIXe siècle, avec le développement de l’industrie et la construction du mouvement ouvrier que seront jetées les bases de la mutualité et des caisses de retraites, en parallèle avec la construction du syndicalisme qui voit la naissance, en France, de la CGT en 1895 à Limoges.
L’état est obligé de se préoccuper de la question. C’est ce que feront les ministres de la 3e République avec la loi sur les retraites ouvrières et paysannes en 1910, puis avec un nouveau régime de pension en 1924 et les assurances sociales en 1928 et 1930, etc …
C’est après la 2e Guerre mondiale, à la Libération qu’avec l’élection d’un gouvernement de gauche (socialiste, communiste, MRP) sera mis en place la Sécurité Sociale qui va généraliser le système.
Ainsi après 4 années de guerre, dans un pays en grande partie détruit ou tout est à reconstruire, le gouvernement faix le choix d’investir dans un régime de retraite qui ne débouchera pas sur la faillite, mais au contraire va participer à l’effort de redressement national.
Mais cela le patronat et les forces politiques réactionnaires ne le digèreront pas.
Ils n’auront de cesse de remettre en cause ce système, dit par « répartition », où les actifs financent les pensions des retraités. Ils chercheront par tous les moyens à allonger la durée de cotisation ou à diminuer le taux des pensions (voire les deux), pour en fait : baisser le niveau des retraites publiques pour laisser la place aux assurances privés !
C’est le sens des dernières loi Balladur en 1993 et Fillon en 2003, qui n’ont en fait, fait qu’accentuer le déficit pour justifier de nouvelles attaques en 2010 !
A l’heure ou cet article est écrit, la presse nous apprend que le PDG de Renault se verrait attribuer une retraite complémentaire de 620 000 euros par an, soit 60 fois plus que les nombreux retraités qui arrivent péniblement à toucher 10 000 euros par an !
Cela signifie t-il que la durée de vie du PDG d’une très grande entreprise est 60 fois moindre que le reste de la population ?
Surprenant ! Si c’est le cas c’est une grande nouvelle !
Si ce n’est pas le cas, cela montre que cette argumentation est bien fallacieuse.
Oui, on le voit, en regardant un peu l’histoire passé et récente, l’existence des retraites pour les travailleuses et les travailleurs n’est nullement due à l’allongement de la durée de vie, mais beaucoup liée à l’existence du mouvement syndical et en France particulièrement à la CGT.
C’est ce que nous révèle l’excellente brochure de l’IHS
« De la Charité à la Solidarité » (3 euros), écrite en octobre 2001 par
Maurice Desseigne et toujours d’actualité qui donne de manière brève et précise,
quelques jalons dans l’histoire des retraites.
Un bon moyen pour approfondir la question et en apprendre encore plus sur l’histoire des Retraites.
Un bon moyen pour ne pas se laisser impressionner par tous les « spécialistes » qui veulent faire passer la « vessie » de l’allongement des cotisations pour la « lanterne » qui va sauver les retraites.
Michel Gaillard
Source :
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