Decazeville. Quand les facteurs decazevillois distribuaient le courrier à vélo
Mémoire vive. Trois postiers retraités retracent leur carrière.
Les Français sont attachés à la Poste. Depuis 200 ans, elle s'est imposée à la fois comme une administration au service de tous les usagers et comme un remarquable outil d'aménagement du territoire.
Contrairement à une idée répandue, la Poste a souvent été à la pointe du progrès. Par exemple, ce sont les postiers ruraux qui ont pris l'initiative d'utiliser la bicyclette, dès la fin du XIXe siècle, un moyen de locomotion immortalisé, plus tard, par le célèbre film de Jacques Tati.
à Decazeville, la Poste a longtemps été située au fond de l'impasse derrière la maison Séguy, en face des halles (aujourd'hui l'immeuble du Crédit agricole). Dans les années 1950 et 1960, Decazeville comptait 7 facteurs qui parcouraient les rues de la ville, soit à pied (pour le centre), soit à vélo (périphérie). Chaque préposé avait un point relais dans un commerce pour prendre le reste du courrier en cours de tournée.
André Rigal se souvient de ses débuts, durant l'hiver 1949, où la neige l'empêcha à plusieurs reprises de prendre son vélo : « J'ai dû parcourir à pied le trajet La Buscalie, Le Madieu, Les Crêtes, Saint-Roch, Révignettes. Les journées étaient longues et harassantes ».
DISTRIBUTEUR ET COLLECTEUR D'ARGENT
Le facteur bénéficiait d'une bonne réputation, à l'égal des instituteurs. Certes, il pouvait collecter les impôts, mais c'est lui qui apportait la pension, les faire-part de mariage, de naissance, etc. « On transportait dans nos sacoches plusieurs milliers de francs. Tout au long de la tournée, les transactions se répétaient. D'ailleurs, on prêtait serment devant un juge », explique Michel Maffre.
Et n'oublions pas qu'en milieu rural, le postier se faisait le promoteur de liens sociaux : « Il apportait des médicaments, des courses urgentes, le journal. Il était souvent la seule personne que rencontraient les habitants des fermes isolées qui, en contrepartie, leur servaient le couvert », relate Alban Barre.
à la fin des années 1950, la Poste emménage rue Alexandre-Bos. Puis, les voitures commencent à transporter les colis, avant de se généraliser, remplacées aujourd'hui parfois par des scooters. En 1972, le métier se féminise et l'administration se modernise avec le code postal à 5 chiffres. Firmi rejoint le bureau de Decazeville alors que son canton demeure Aubin. Et les facteurs continuent toujours à sonner au moins deux fois…