L’ex-patron de la Poste échappe à la prison
Klaus Zumwinkel est la figure la plus médiatique de l’affaire de fraude fiscale vers le Liechtenstein
Klaus Zumwinkel, l’ex-patron de la Poste allemande, accusé le plus médiatique dans la gigantesque affaire de fraude fiscale au Liechtenstein, a échappé à la prison ferme. Il a été condamné lundi à 2 ans de prison avec sursis et à un million d’euros d’amende par un tribunal de Bochum, pour avoir dissimulé au fisc allemand 967 000 euros sur un compte secret de la principauté entre 2003 et 2007. Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur.
L’ex-patron de la Poste a échappé de peu à la prison ferme grâce à la période de prescription, à ses aveux rapides et au fait qu’il a payé rubis sur l’ongle ses arriérés. Les enquêteurs allemands, informés par un ancien employé de la LGT-Bank du Liechtenstein, avaient en effet découvert sur le compte de sa fondation familiale Devotion Family Foundation une somme de plus de 11,8 millions d’euros. L’argent provenait en grande partie d’un héritage de son père lors de la vente du groupe alimentaire et de textiles à la chaîne Rewe en 1973 et échappait donc aux poursuites judiciaires en raison du temps écoulé.
Pour un jour
Or, selon une récente décision d’une cour pénale du Tribunal fédéral, qui a considérablement durci sa pratique, une peine avec sursis ne peut désormais plus être prononcée, sauf exception, lors d’une fraude fiscale de plus d’un million d’euros. Mais si un des procureurs avait signé l’ordre de perquisition un jour plus tôt, la somme prise en compte aurait dépassé le million et Klaus Zumwinkel n’aurait pas pu échapper à un séjour en prison.
Dans un climat de chasse aux fraudeurs, Klaus Zumwinkel a su aussi convaincre le tribunal de ses regrets. Il a payé au fisc 2,9 millions d’euros supplémentaires pour les sommes sur lesquelles les poursuites étaient prescrites. Mais pour l’ex-manager, la peine la plus lourde reste sans doute l’opprobre général après une brillante carrière au cours de laquelle il était parvenu à redresser une Poste déficitaire et à réaliser la privatisation avec succès. A la suite du scandale, il a été contraint de démissionner de tous ses mandats d’administrateur.
Yves Petignat
Source : Le temps