Les employés restés au bout du lac envient leurs collègues mutés à Eclépens
Tout n’est pas rose au centre de tri postal de Montbrillant à Genève. «On nous interdit désormais de discuter entre nous, se plaint un employé. Avant cette réorganisation, nous ne connaissions pas ce climat tendu.» La mise en œuvre de la restructuration du centre logistique de traitement du courrier de Genève, dans le cadre du programme suisse REMA, ne se passe pas sans problème.
Certes, La Poste a tenu sa parole, il n’y a pas eu de licenciement pour les employés de Montbrillant. Mais à en croire les témoignages des collaborateurs, ils ont tout de même perdu beaucoup.
Restructuration drastique
Le centre de tri postal de Montbrillant a connu une restructuration drastique depuis septembre 2008. Cela est la conséquence de l’ouverture du nouveau centre romand d’Eclépens dans le canton de Vaud. En mettant en œuvre le projet de modernisation du traitement du courrier REMA (Reengineering Mailprocessing), La Poste suisse entend réagir à la libéralisation des marchés et au manque à gagner que représente la concurrence des moyens de communication électroniques.
Afin de diminuer ses coûts de production et de standardiser les processus de traitement, elle a remplacé les 18 centres de courrier existants par trois grands centres principaux: celui de Zurich-Mülligen, celui d’Eclépens et celui de Härkingen à Bâle
La poste de Montbrillant, qui fait désormais partie des six centres secondaires maintenus dans l’intérêt des régions, n’assure plus que le courrier local. 490 collaborateurs travaillaient au centre genevois avant cette restructuration. Ils sont aujourd’hui 170.
Nathalie Salamin, porte-parole de La Poste, a déclaré au Temps que, grâce au plan social, seules huit personnes n’ont pas trouvé de solution pour se recaser. Telle était en tout cas la situation au 20 janvier dernier, date de l’inauguration des nouvelles installations postales genevoises. Un tiers des collaborateurs continuent à travailler au sein de La Poste, redirigés entre différentes antennes, et autant ont changé de travail. D’autre part, 60 personnes ont accepté un dédommagement financier, le reste représentant des retraites anticipées.
Les plus chanceux ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Beaucoup de salariés, on l’a vu, se plaignent de la mauvaise ambiance qui plane à Montbrillant. «Nous souffrons d’une totale désorganisation dans le travail. A la suite du réaménagement, on constate une perte dans la qualité du travail. Après 20 ans de métier, certains n’ont plus le choix de faire les horaires de nuit, ils doivent signer ou perdre leur travail.»
Selon les employés qui se plaignent, le choix promis entre Genève et Eclépens n’a pas été une réalité: «Ceux qui avaient choisi Genève ont tout de même été délocalisés à Eclépens.» Une autre promesse n’aurait pas été tenue: la mise en place d’un moyen de transport entre Lausanne et Eclépens.
Tandis que les employés de Genève déplorent la «maltraitance verbale» et les «magouilles», ceux qui ont opté pour Eclépens sont finalement heureux de leur choix. L’ambiance y serait «très bonne» selon leurs collègues de Genève.
Source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/62b206ca-f7bb-11dd-95fa-1614f4337eb5|1