Un arrêt de travail paralyse les bureaux de poste à travers plusieurs régions du pays
La DG condamne, le syndicat soutient et les travailleurs menacent
«C'est une action illégale et le dialogue n'a jamais été interrompu. Ceux qui ont poussé les travailleurs à débrayer doivent assumer leurs responsabilités», a indiqué un responsable de l'entreprise Algérie Poste.
La même source, qui a requis l'anonymat, a par ailleurs indiqué que le mouvement, qu'elle a qualifié de grève sauvage, est largement suivi à l'échelle nationale.
Ce responsable réfutera les justifications avancées par les travailleurs pour motiver leur action. «Le dialogue n'a pas été interrompu et il se poursuit avec le partenaire social. La plateforme de revendications qui nous a été soumise est prise en charge et l'ensemble des préoccupations des travailleurs seront discutées pour y apporter des solutions».
Pas de dépôt de préavis et pas de service minimum !
Abordant l'arrêt de travail décidé loin des structures syndicales, notre interlocuteur n'hésitera pas à affirmer que la direction générale se réserve le droit de recourir à toutes les voies légales pour la reprise du travail. «C'est une grève illégale. Il n’y a pas eu de dépôt de préavis et le service minimum n'est pas assuré.
Nous ne pouvons pas les laisser prendre le citoyen en otage», a-t-il indiqué, avant de préciser que les bureaux de poste ont fonctionné normalement dans certaines régions du pays.
Pour sa part, le syndicat d'entreprise fait siennes les revendications des travailleurs. «Le recours à l'arrêt de travail est légitime car la Direction générale n'a pas respecté ses engagements. Elle devait rendre une réponse aux revendications des travailleurs au plus tard le 25 mai dernier.
La plateforme qui lui a été soumise après l'arrêt de travail observé au niveau de certaines régions du pays, au mois d'avril dernier, n'a pas été prise en considération, d'où le sentiment de colère né parmi les travailleurs quand ils ont découvert que rien n'a changé sur leur bulletin de paie», note cette source.
Le syndicat tente aujourd'hui d'engager un dialogue avec les travailleurs «pour tenter d'encadrer le mouvement et mettre en place un service minimum et les différents instruments imposés par la réglementation en vigueur», note un responsable du syndicat d'entreprise.
Parmi les neuf revendications soumises à la Direction générale figurent : une augmentation des salaires de l'ordre de 30%, le plan de carrière, le réajustement des indemnités, la revalorisation de l'IEP de 64 à 90%, l'application de la convention collective gelée depuis
la création de l'EPIC Algérie poste en 2003 et l'amélioration des conditions de travail. Pour leur part, des agents que nous avons rencontrés au niveau de certains bureaux de poste ont affirmé que cet arrêt de travail «est motivé par le ras-le-bol qu'ils vivent depuis la création de l'entreprise.
Je suis postier depuis près de 30 ans et je suis toujours classé à la même catégorie ; c'est une injustice caractérisée», affirme un travailleur.
Un autre fera remarquer que les agents n'ont pas voulu prendre en otages les citoyens. «Nous avons engagé notre action après avoir réglé les virements des retraites et tous les mandats de pensions. Ils doivent nous entendre nous aussi. Figurez-vous que certains bureaux de poste ne disposent même pas d'imprimés ou d'imprimante pour remettre des reçus ou des notifications d'avoir aux citoyens.
Ils ont fait de nous la cible de la colère des usagers qui ne peuvent pas effectuer leurs retraits faute de liquidités ou à cause d'une panne de réseau. Cela doit changer», note notre interlocuteur.
Les agents affirment qu'ils sont déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications, au moment où la direction soutient que le mouvement est illégal et où le syndicat affirme que le dialogue doit reprendre pour éviter le pourrissement.
Le Temps..d'Algéie