GB : les postiers votent une grève au sujet des salaires et de l'emploi
LONDRES - Les postiers britanniques ont voté le principe d'un mouvement de grève national jeudi, pour protester contre ce qu'ils voient comme un manque de concertation de la direction de Royal Mail sur des projets de réforme de l'emploi et des salaires.
Le syndicat des employés de la Communication (CWU) a ainsi indiqué que 76% de ses membres ayant voté (deux sur trois), soutenaient un tel mouvement. Le CWU devra donner un préavis d'une semaine avant d'entamer une grève, ce qui devrait reporter celle-ci à la fin du mois d'octobre.
Le vice-secrétaire général Dave Ward a considéré qu'il s'agissait "d'un énorme vote de non-confiance dans la direction de Royal Mail", qu'il a qualifiée "d'arrogante".
"Royal Mail, a-t-il dit, ne s'est jamais vraiment engagée dans la modernisation, se contentant de réduire l'activité, les services et d'abaisser les coûts, et c'est cela que les travailleurs de la poste ont massivement rejeté aujourd'hui", a-t-il dit.
M. Ward a cependant noté "qu'il était toujours possible de parvenir à un accord avant qu'une grève nationale ne se mette en place".
Il a jugé "crucial" la mise en place de charges de travail "justes, avec des critères de mesures agréés".
"Punir en permanence les postiers n'améliorera pas l'efficacité, mais au contraire plantera un coin encore plus gros entre eux et ce qu'on leur décrit comme la modernisation", a-t-il dit.
Le directeur d'exploitation de Royal Mail, Mark Higson, a appelé le syndicat à "mettre fin" aux grèves ponctuelles qui se déroulent depuis juin, et à "revenir autour de la table pour discuter".
Le secrétaire d'Etat à la Poste Lord Young a estimé qu'une grève "ne servirait qu'à faire du tort à la clientèle et aux entreprises qui comptent sur la poste, et aurait pour résultat de détourner encore plus de gens de ce moyen de communication".
Alors que le marché postal britannique est libéralisé depuis 2006, Royal Mail est devenue une société anonyme détenue à 100% par l'Etat, et elle ne dispose plus d'aucun monopole de distribution.
Le groupe tente actuellement de se moderniser, ce qui aurait pu passer par une ouverture du capital à hauteur de 30%.
Mais début juillet, le ministre du Commerce Peter Mandelson en a repoussé l'idée en invoquant "les conditions de marché" défavorables, peut-être aussi pour éviter une possible défaite du texte au Parlement.
Robert Hammond, de l'association de consommateurs Robert Hammond, a considéré qu'il était "très décevant" de voir une grande institution britannique "se déchirer". Il a appelé à ce que Royal Mail et le syndicat se tournent de toute urgence vers l'organisme de conciliation Acas pour résoudre le problème.
Les organisations patronales dans leur ensemble ont très mal réagi. John Cridland, vice-directeur général de la CBI, a jugé la situation "très décevante pour des millions de ménages et d'entreprises qui comptent sur Royal Mail", d'autant que seulement 40% des employés ont voté pour la grève". Il a noté le danger potentiel d'un tel mouvement sur les ventes de Noël, alors que l'économie commence à peine à se remettre.
Le site internet d'enchères eBay a pour sa part décidé de suspendre temporairement la possibilité de mettre une note sur le délai d'acheminement des objets achetés au Royaume-Uni.
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AFP / 08 octobre 2009 17h35)