Brigitte Maestrojuan et le maire d'Ayguetinte,
Françis Ballerini sont entrés en résistance. photo m. A.Le manège dure depuis le mois de mars. Si ce n'était un nouveau signede l'abandon progressif des zones rurales jugées peu rentables, l'affaire aurait tout du vaudeville… Un couple, plus ou moins bringuebalant, mais finalement attaché : La Poste et l'usager. Un amant,à moins qu'il ne s'agisse d'une maîtresse, en tout cas d'une mouche du coche : la rationalisation budgétaire.
L'affaire débute le 5 mars, lorsque Brigitte Maestrojuan reçoit une missive de mauvais augure. La Poste l'enjoint à déplacer sa boîte aux lettres du domaine privé à la voie publique « afin que la distribution du courrier s'effectue dans les meilleures conditions de coût et de sécurité pour l'exercice du service postal ». Mutisme prudent du couple de viticulteurs qui pense alors qu'il ne peut s'agir là que d'une tocadede La Poste. Trois semaines plus tard néanmoins, La Poste enfonce le clou dans un nouveau courrier et conseille cette fois-ci aux
Maestrojuan d'installer fissa la boîte aux lettres en bordure de route.
Comprenant alors qu'il ne s'agit pas d'une plaisanterie, ces derniers se fendent à leur tour d'un courrier à la responsable du service Courrier de Vic-Fezensac pour lui expliquer à quel point déplacer la boîte aux lettres nuirait à la sécurité brandie en étendard absolu par La Poste : « Notre maison donne sur la route départementale 930. Si l'ons'en tient aux consignes de La Poste, cela signifie que le facteur s'arrête sur la route pour mettre le courrier dans la boîte et c'est très dangereux, car les voitures vont très vite sur cette portion de ligne droite, en dépit des limitations de vitesse », souligne Brigitte
Maestrojuan, avant d'évoquer une autre option, bien plus raisonnable à son avis : « Si le postier s'engage sur notre allée et vient faire demi-tour dans notre cour, cela ne lui prend que quelques secondes et au moins, il n'y a pas de risque de se faire embrocher en bas ! ».
Distribution compromise Le 6 mai dernier, nouvelle réponse du berger à la bergère et cette fois-ci, le ton se durcit : La Poste donne quinze jours à Michel et Brigitte Maestrojuan pour installer leur boîte aux lettres en bas de leur allée. « Dans le cas contraire, le courrier restera en instance au centre de Vic-Fezensac pendant un
délai de quinze jours à compter de sa date d'arrivée ».
Depuis vendredi, le délai fatidique est écoulé. Samedi matin, Michel et Brigitte Maestrojuan, tout comme Francis Ballerini, leur voisin et maire d'Ayguetinte, ont vu la factrice leur
apporter le courrier, mais qu'en sera-t-il aujourd'hui ?
Pour Brigitte Maestrojuan en tout cas, le vaudeville tourne à la
situation ubuesque. « Au moment où François Fillon annonce quarante mesures pour les zones rurales, dont l'accès aux soins, au haut débit, à la téléphonie mobile, avec un rôle accru donné aux services publics, le facteur qui est souvent le seul lien de personnes isolées en campagne, ne viendrait plus jusqu'aux maisons ? Cela paraît complètement fou ! »
« On ne fait pas du social » Il semblerait pourtant que la folie dénoncée par Brigitte Maestrojuan soit désormais la norme… Francis Ballerini qui depuis trois mois a multiplié démarches et coups de fil auprès de la direction de La Poste, s'est entendu répliquer par la directrice de Vic que « La Poste n'est pas là pour faire du social ». À tout hasard, les Maestrojuan ont envoyé un courrier à Philippe Martin et Gisèle Biémouret, mais aussi au préfet. Le feuilleton risque donc de se poursuivre…