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| Sujet: A l'honneur: les postiers japonnais et leur service Public Jeu 14 Avr 2011 - 17:39 | |
| JAPON Les postiers, messagers de l’espoir
Une semaine après le séisme et le tsunami qui ont ravagé les côtes du Nord-Est, les facteurs avaient repris la distribution du courrier. Au début à pied, puis à moto, ils contribuent à soutenir le moral des sinistrés.
ùm Le jour en jour, les quartiers touchés par le tsunami changent. Les amas de gravats sont déplacés pour laisser place à des rues. Une moto de la poste y passe. Sur sa plaque d’immatriculation, on lit le nom de Hachioji, une ville de la banlieue de Tokyo. C’est une des motos qui ont été envoyées à Ishinomaki, dans la préfecture de Miyagi, pour remplacer celles qui ont été emportées par les eaux. Norikazu Mori est un facteur âgé de 42 ans. Son secteur, Kazuma-minami, a été englouti sous près de deux mètres d’eau à cause du tsunami. Le rez-de-chaussée de tous les bâtiments est détruit ; aux alentours, les décombres s’amoncellent et des voitures échouées barrent les chaussées. Norikazu Mori marche sur les décombres, s’approche de l’entrée d’un immeuble, puis lance un “Bonjour”. Sans réponse. Il remet dans sa sacoche le courrier qu’il voulait distribuer et reprend sa route. L’habitation voisine a été complètement détruite. Il passe son chemin sans signaler sa présence. Même dans les maisons en ruine, si l’on regarde bien, on peut apercevoir les traces de gens qui y sont entrés récemment : des planches posées pour faciliter le passage, des tatamis retirés du sol et mis à sécher… Parfois, l’adresse d’un centre d’évacuation. Dans ce dernier cas, il va porter le courrier là-bas. Mais il arrive que certaines personnes logées dans les centres reviennent chez elles de temps à autre pour ranger. Faut-il dans ce cas déposer le courrier devant l’entrée ou le remporter avec soi ? Le choix n’est pas toujours simple. “Le courrier est arrivé !” Une femme en train de nettoyer l’entrée de sa maison accourt en entendant le bruit du moteur. “Ce sont mes premières lettres, merci !” En s’inclinant légèrement, il lui tend le courrier. “Je suis contente, alors que nous n’avons encore ni eau ni électricité, plus rien…, vous êtes venu. Quelle bonne surprise ! Le courrier est arrivé !” Comme les lignes téléphoniques ne fonctionnent plus, bon nombre de gens cherchent à avoir des nouvelles par la poste. Les envois d’argent en recommandé, pour la plupart des dons de sympathie, ont augmenté. Curieusement, les factures aussi sont nombreuses. Le bureau de poste d’Ishinomaki, situé non loin du centre-ville, a lui aussi été dévasté. Les employés, les clients et les gens qui se trouvaient à proximité, en tout quelque soixante-dix personnes, s’étaient réfugiés au premier étage. Le jour d’après, le niveau de l’eau n’avait pas baissé et aucun secours n’était parvenu jusqu’à eux. L’employé de la pâtisserie voisine a partagé avec tout le monde les 200 beignets qu’il avait emportés en fuyant. Le troisième jour, un hélicoptère est venu les secourir. Quand l’eau s’est retirée, on a découvert qu’elle avait détruit les machines de tri, les motos et les voitures. Certains employés étaient morts et d’autres demeuraient introuvables. Le personnel a d’abord pensé qu’il faudrait au minimum un mois avant que le bureau de poste ne puisse rouvrir. Mais le directeur, Hidemi Onodera, a indiqué : “La distribution du courrier aidera à la reconstruction. Ce ne sera pas parfait, mais nous allons commencer par faire ce que nous pouvons.” Alors, ils ont retiré la boue, lavé le plancher et séché les lettres mouillées. Une semaine après le tremblement de terre, une vingtaine de facteurs ont recommencé à distribuer le courrier à pied ou à vélo. Petit à petit, des motos sont arrivées de tous les coins du pays : de l’arrondissement de Shibuya, à Tokyo, de la ville de Sakata, dans la préfecture de Yamagata, de Shizuoka… Les cent litres et plus d’essence nécessaires à une journée de livraison sont arrivés de Sendai. Comme le tri s’effectue manuellement et en consultant un par un la liste des personnes résidant dans les différents centres d’accueil, cela prend beaucoup plus de temps qu’à l’ordinaire. Des sinistrés apaisés Au début, le nombre de lettres distribuées se limitait à seulement 10 % de la quantité habituelle. Kyoko (74 ans) et Hiroshi (79 ans) Hoshi, sinistrés de Kazuma-minami, ont reçu une carte du frère de Kyoko (79 ans), qui vit à Yamagata. “Je me demande si mon second courrier vous parviendra. Si vous le recevez, je vous prie instamment de me le faire savoir par téléphone.” Ce message succinct mais poli fait comprendre à Kyoko que son frère s’inquiète. Par la suite, il leur a envoyé de l’argent. “Je lui en suis reconnaissante, car nous n’avons plus ni aspirateur pour nettoyer ni poêle pour nous réchauffer”, dit-elle avec un petit rire. Tout en distribuant le courrier sur sa moto, Norikazu Mori ressent comme un léger apaisement devant des signes de reconstruction. Des habitants en train de déblayer les décombres s’arrêtent pour papoter avec lui dans le jardin. L’un d’eux a même le cœur à plaisanter. “On se passerait bien des factures ! Dommage qu’elles n’aient pas été emportées par le tsunami !” s’exclame-t-il. ORGANISATION Un service public à la hauteur
Pour pouvoir livrer le courrier aux sinistrés, Nihon Yubin, la Poste japonaise, a établi une liste qui répertorie les réfugiés par centres d’évacuation. Dans les préfectures d’Iwate, Miyagi et Fukushima, 80 000 réfugiés sont enregistrés, et la distribution est effectuée dans 838 centres. Nihon Yubin avait déjà eu recours à cette organisation lors du séisme de Kobe, en 1995. Toutefois, “étant donné que le nombre des sinistrés, ainsi que les régions concernées sont plus importants cette fois, rien qu’avec la gestion des données, nous avons un travail énorme”, explique un employé dans les colonnes de l’Asahi Shimbun. Afin de soutenir les bureaux des localités sinistrées, 200 véhicules et 130 employés de différentes régions de l’archipel ont été envoyés en renfort. |
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